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AUX GLACES POLAIRES

France est représentée par ses missionnaires. Vous concevez quelle confusion il y a là pendant plusieurs jours ; c’est réellement la Tour de Babel. À mon arrivée, ce tumulte n’existait pas encore ; il n’y avait guère que les Esclaves : c’est le nom que l’on donne aux sauvages qui fréquentent ce poste.


Le Père Grollier aborda au fort Simpson, le 16 août 1858, traquant Hunter, l’archidiacre.

Le bourgeois força le prêtre à partir le 21, un samedi soir, malgré les instances des sauvages qui réclamaient la faveur de passer le dimanche avec le priant français. Par
R. P. Moisan.
contre, le ministre eut les coudées franches. Ainsi commença la lutte.


De 1858 à 1876, le missionnaire catholique n’eût même d’autre pied-à-terre, au fort Simpson, que la tente qu’il plantait, pour la plier bientôt ; tandis que le ministre anglican et son évêque, dotés de terrain, de maison, de temple, régnaient sans ombrage.

Venant du fort Providence ou du fort des Liards, le Père Gascon, 4 ans, le Père Grouard, 9 ans, le Père de Krangué, 21 ans, donnèrent successivement la mission de passage, au fort Simpson.

À la longue cependant, le protestantisme, qui mettait onze mois à défaire l’ouvrage que le prêtre faisait dans le seul mois de sa visite, gagna quelques adeptes et s’étendit. Lorsqu’en 1894, il fut possible de placer au fort Simpson un missionnaire résident, la moitié de la population suivait le ministre, et l’autre n’avait plus guère de catholique que le nom.

Ce brave missionnaire, le premier à rester fixé sur la Croix, fut le Père Laurent Brochu. Dieu sait combien il travailla, dans cette aridité. En dix ans de prières, de patience, d’efforts de tous genres, il ramena au Bon Pasteur le grand nombre des prodigues.

Il fut seul d’abord. En 1896, le Père Vacher lui arriva,