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AUX GLACES POLAIRES

orphelins — fut le Père Lecorre. Il y reçut l’onction sacerdotale des mains de Mgr  Clut, en 1870 ; il y prononça ses vœux de religion, en 1876 ; il y remplit, de 1876 à 1901, la charge de supérieur. Il est maintenant à Saint-Albert, maison de retraite pour nos vétérans, sevré du monde par une cécité, qu’il contracta dans les neiges du Nord, mais jouissant encore des vives qualités de son âme, et les consacrant toujours à l’apostolat, par les œuvres en prose et en vers qu’il ne se lasse pas d’écrire. À ses orphelins de la Providence, il conserve le meilleur de ses pensées et de ses prières.

Les vicariats d’Athabaska-Mackenzie doivent au Père
R. P. Lecorre.
Lecorre, quêteur éloquent et recruteur entraînant, outre les ressources d’aumônes considérables, une phalange d’ouvriers, dont il sera difficile de trouver les pareils, lorsqu’ils seront tombés. Le tiers des pères de l’Extrême-Nord et la moitié des frères convers sont de ses conquêtes. Ainsi les Frères Lecreff, Louis et Jean-Marie Beaudet, Josso, Corfmat, Barbier, Carrour, Hémon, Lorfeuvre, Leborgne, Rio, pour ne nommer que des frères. Arrivés de leur village, imberbes jouvenceaux, ils sont devenus des patriarches à barbe grise, et les piliers de base de nos missions. Nous les retrouverons.

C’est en Bretagne, de préférence, où « le sol est dur et le cœur est fort », que le Père Lecorre, Breton de Vannes lui-même, tendait ses appâts. Et les petits Bretons de mordre à belles dents de foi et d’enthousiasme. Sitôt pris, sitôt emmenés par le maître-pêcheur, et jetés aux fleuves et aux lacs polaires.

Caravanes sur caravanes sautaient les rapides de l’Athabaska, traversaient les grands lacs, et descendaient le