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LES COUTEAUX-JAUNES
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Le 6 janvier 1861, ayant enfin trouvé le temps de faire sa retraite préparatoire, il prononça ses vœux perpétuels, aux pieds du Père Eynard. Des 512 jours qu’avait duré ce noviciat, dans le Nord, le novice en avait passé 147, en compagnie de son maître. Le reste des 16 mois, l’un et l’autre avaient parcouru les missions dépendantes de Saint-Joseph.

Ces missions étaient alors les forts de la rivière au Sel, Grande-Île, Rae, Simpson, Liard et Halkett.

Le Père Gascon fut le premier prêtre à porter l’Évangile
R. P. Gascon
dans la rivière des Liards, affluent du Mackenzie. Il se rendit, en 1860, jusqu’au confluent de ces rivières, au fort Simpson, malgré l’affront de la Compagnie — ou plutôt de ses officiers locaux — qui lui refusèrent, sur les barges, un passage qu’ils octroyaient au ministre protestant. Celui-ci allait donc s’emparer des sauvages du fort des Liards. Mais le Père Gascon, hélant un canot d’écorce, avec trois hommes, s’aventura sur le Grand Lac des Esclaves, à la poursuite des barges, qu’il rejoignit au fort Simpson, le 26 août, à la stupéfaction du bourgeois et à la consternation du prédicant.

Le Père Grollier était là, venu du fort Good-Hope (800 kilomètres), afin de rencontrer son confrère et d’organiser avec lui la lutte contre l’ennemi.


Le Père Grollier était accouru sur le rivage, raconte le Père Gascon. Deo gratias, Deo gratias, me dit-il, pour me saluer ; et aussitôt de se jeter à mon cou, et de m’embrasser. Les sauvages du fort des Liards sont à nous, ajouta-t-il. Oh ! Quel bonheur pour moi !

Il suffit de regarder un instant le Père Grollier pour se convaincre qu’en effet, il est bien heureux ; son regard qui s’anime, son front qui s’illumine, tout dit sa joie. Il aime tant les sauvages !