la plaie qui en résulterait, et bientôt le poison monterait dans ton corps. Laisse-nous te soigner, comme nous l’entendrons.
Ce disant, ils détachaient la sous-écorce d’un sapin rouge, pour la faire bouillir. Par les lavages et les compresses répétés de cette décoction, ils lui sauvèrent les pieds, et probablement la vie.
Réduit à l’impossibilité de se tenir debout pour plusieurs
mois, le père congédia l’engagé
R. P. Tissier de la Compagnie qui s’offrait à l’assister, et s’installa avec les
Cris, dans une tente
de famille, à la place
que ses infirmiers
lui assignèrent, sur
la peau de bête commune.
Il n’était pas là de trois semaines que la famine arriva. Les orignaux fuyaient, et les lièvres avaient déserté le pays. Pas une bouchée de réserve dans le camp. Les provisions, amenées de la pointe Carcajou et destinées à soutenir le missionnaire pendant deux ans, y passèrent d’abord ; puis tout ce qui pouvait se manger des peaux et des vêtements. Les plus faibles râlaient autour des foyers, que les plus résistants pouvaient à peine entretenir encore. Une femme en vint à l’extrémité. Le prêtre lui donna, de son grabat, l’absolution suprême, et la prépara à paraître devant Dieu. Il n’avait guère la force d’articuler les prières plus que l’agonisante elle-même.