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AUX GLACES POLAIRES

Débouchant des montagnes en tourbillons bleus et écumants, par des portes qu’elle a défoncées à pic, elle tournoie d’abord aux pieds escarpés du fort Hudson’s Hope. De là, se creusant un lit profond, elle arrose le fort Saint-Jean, le fort Dunvégan, Peace River, le fort Vermillon. A Peace River, elle reçoit, du sud, les rivières Boucane et Cœur, formant avec elles un colossal damier de méandres, d’îles et de collines. À 400 kilomètres de son embouchure, elle se brise et tombe, en cataractes, dans les chutes du Vermillon.

Trois missions résidentes : Saint-Henri du fort Vermillon, Saint-Augustin de Peace River, Saint-Charles du fort Dunvégan ; et deux dessertes : Saint-Pierre du fort Saint-Jean, Notre-Dame des Neiges du fort Hudson’s Hope, furent les centres apostoliques principaux de la rivière la Paix. De ces postes, le missionnaire visitait les divers groupes indiens.


Bien que la rivière la Paix ressortisse aux conditions climatériques subarctiques, et que les hivers y soient d’une grande rigueur, les saisons tempérées y sont plus durables qu’en toute autre partie des vicariats Athabaska-Mackenzie. Plus les terres gagnent vers les montagnes Rocheuses, plus les grasses prairies alternent avec les riches forêts. Le chinouk, vent chaud de l’océan Pacifique, qui souffle périodiquement durant l’hiver, retarde la formation des glaces et hâte le dégel. Les vents du nord, d’autre part, se coupent aux montagnes, qui s’infléchissent vers le nord-est.

Aujourd’hui, tant sur les plaines de la rivière la Paix que dans les bois défrichés, de vastes colonies blanches ont bâti leurs demeures et exploitent leurs fermes ; le chemin de fer longe les deux rives de la rivière, depuis Peace River, et jette ses réseaux sur l’étendue de l’ancienne sauvagerie : le régime des privations est fini pour ces régions ; mais il est du devoir de l’histoire de ne pas oublier la vie désolée des pionniers apostoliques.[1]

  1. À cause de la distance elle-même, et de la difficulté de la vaincre en remontant la rivière la Paix depuis le lac Athabaska ; à cause de l’indifférence des sauvages à évangéliser ; à cause aussi peut-être de l’extraordinaire mortification des missionnaires qui ne demandaient rien, les sollicitudes de Mgr Faraud se portèrent moins