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LES MANGEURS DE CARIBOUS

Le principal de ces visiteurs a été Mgr Clut. Il retourna neuf fois au Fond-du-Lac.

En 1862, comme il croyait n’avoir plus que peu d’efforts » à faire pour achever sa conquête, il trouva à Notre-Dame des Sept-Douleurs, au lieu de la présence promise de toute la tribu, le désert presque complet et la nouvelle que son bercail s’était laissé reconduire au paganisme par deux faux prophètes. Un grand nombre de Mangeurs de Caribous avaient appris à blasphémer. Quelques-uns avaient transformé leurs chapelets en chaînes de calumet. Beaucoup d’hommes s’étaient replongés dans les hontes de la polygamie.


Le résultat de ma tournée de 1862, dit le prélat, fut de me convaincre davantage que des visites passagères ne produisent que peu ou point de fruit, et que les sauvages ne viendraient plus en nombre et n’amèneraient plus leurs familles du fond des bois aussi longtemps qu’ils ne pourraient compter sur plus de soins.


Pour reprendre, pied-à-pied, le terrain perdu, les missionnaires tâchèrent de se dépenser encore davantage dans leur voyage annuel ; mais l’ivraie reprenait le dessus, pendant les mois d’absence du semeur de la vérité.

Enfin, en 1875, Mgr Faraud fut en mesure de donner à Notre-Dame des Sept-Douleurs des missionnaires résidents. La conversion définitive de la tribu fut ainsi assurée.

Les Mangeurs de Caribous se glorifient d’avoir donné à l’Église deux grands chefs de la prièreYaltri XéthéMgr Pascal et Mgr Breynat.


Mgr Albert Pascal (1848-1920)

Enfant du Vivarais, Mgr Pascal est né à Saint-Genest-de-Beauzon (Ardèche), le 3 août 1848.

Nous avons dit comment Mgr Clut vint le prendre, simple tonsuré, au grand séminaire de Viviers, en 1870. Il suivit immédiatement, sans revoir son foyer, relictis retibus et patre, l’évêque du Mackenzie. Vingt et un ans plus tard, lorsqu’il revint à Viviers pour recevoir la consécration