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LES MONTAGNAIS

de dessin chez les Frères des Ecoles Chrétiennes ; et je pourrai, j’espère, faire des peintures moins grotesques que celles que j’ai laissées à la Providence et au fort des Liards.[1]


Lorsqu’il revint, en 1876, Mgr Faraud le retint avec lui au lac la Biche. Il en voulait faire son conseiller, son appui, et le préparer, sans qu’il le soupçonnât, à recevoir son héritage.

Au lac la Biche, le Père Grouard demeura jusqu’en 1888, excepté les trois années, de 1883 à 1886, qu’il passa au fort Dunvégan, sur la rivière la Paix.

À ses occupations de catéchiste, prédicateur, et visiteur des malades, il joignit celles de compositeur, imprimeur, relieur. Il écrivit et imprima des livres sur l’Ancien et le Nouveau Testament, des recueils de prières et de cantiques en cinq langues diverses : montagnais, peau-de-lièvre, loucheux, castor et cris.

Mais il eut un aide :


Heureusement, un apprenti typographe se présenta et se mit à ma disposition. Devinez quel était cet apprenti. Quelque jeune Peau-Rouge sans doute, épris des merveilles de la civilisation, direz-vous ? Eh bien, non. Cet apprenti était bel et bien Mgr Faraud lui-même, qui se mit à l’œuvre avec une ardeur toute juvénile, sans se laisser décourager par les coquilles inévitables au début.


En 1888, il fut envoyé, comme supérieur, à la mission de la Nativité.

En 1889, il reçut l’ordre de visiter le vicariat, au nom de Mgr Faraud.

En 1890, il fait connaissance avec les Esquimaux des

  1. Les peintures murales de Mgr Grouard se rencontrent sur presque tous les maîtres-autels, depuis Saint-Albert jusqu’au fond du Nord.

    Au fort Dunvégan, mission trop pauvre pour fournir les vulgaires guenilles dont il se contentait, il peignit, grandeur naturelle, la scène de la mort de Notre-Seigneur, avec Marie, Jean et Madeleine, sur une peau d’orignal. « — Prends ton mousquet, avait dit le Père Grouard à un sauvage Castor, et va me tuer un gros original. Choisis-le et surtout ne lui troue pas la peau avec ta balle. Tire dans la tête. » Ainsi dit, ainsi fait. Le tableau, aussi frais et impressionnant encore qu’en 1883, a été enlevé, en 1919, à la chapelle abandonnée de Dunvégan et transporté dans l’église des Oblats de la ville naissante de Peace River.