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AUX GLACES POLAIRES

bonne heure parler de la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée et des missions sauvages.

Il s’embarqua en 1860, avec Mgr Grandin lui-même, qui venait d’être sacré.

Il devait finir sa théologie au grand séminaire de Québec, passer dans l’ombre et le silence son année de noviciat et être dirigé ensuite sur l’Extrême-Nord.

Mais une lettre d’alarme, lancée du lac Athabaska par Mgr Grandin à Mgr Taché, vint défaire tous les plans, dès 1861 :


Il faut de toute nécessité un compagnon au Père Clut, qui est malade et ne peut rester seul, ici, à la Nativité. Déjà il crie famine. Ne pourriez-vous pas lui faire venir le jeune abbé Grouard, que j’ai laissé à Québec ? Il pourrait faire son noviciat sous lui. Le Révérendissime supérieur général m’avait cependant dit qu’il fallait qu’il le fît avec vous ou avec moi. Mais, vu notre embarras, je suis certain qu’il passerait là-dessus, d’autant plus que je pourrais l’installer moi-même, et même l’ordonner, si vous n’aviez pu le faire ; et, dans ce cas, il ne devrait pas oublier de m’apporter mon pontifical de l’Île à la Crosse.


Mgr Taché manda immédiatement l’abbé Grouard à Boucherville (Bas-Canada), où il l’ordonna prêtre, le 3 mai 1862. Il le conduisit aussitôt jusqu’à Saint-Boniface, où il lui donna l’habit religieux. Le lendemain 8 juin, jour de la Pentecôte, il le fit partir pour le lac Athabaska.

Le Père Grouard arriva, à la Nativité, le 2 août 1862.

Le Père Clut fut son maître de noviciat et son professeur de langue montagnaise. Le novice se mit, dès qu’il fut capable de se faire comprendre — et ce fut bientôt — au ministère des âmes.

La première impression que lui firent les Indiens fut assez heureuse :


Le caractère des Montagnais me plaît, moins leur manié de vouloir tout ce que nous possédons. Je les trouve gais, plaisants et même spirituels dans leur genre. Il ne me serait jamais venu à l’esprit que je trouverais par ici les femmes si loquaces et si rieuses. On voit bien que c’est partout la même farine. La croûte ou l’enveloppe est moins soignée qu’ailleurs, quoique le vernis ne manque pas.


Quant à l’élève en montagnais, il devait démontrer à son professeur, l’année 1865, que ses leçons n’avaient pas