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LES MONTAGNAIS

considération d’un marais, incrusté dans les roches granitiques, et qu’il suffirait de dessécher pour mettre à nu quelques arpents de terre arable, les seuls accessibles de la région continentale.


Le fort Chipewvan, établi au commencement du xixe siècle par la Compagnie du Nord-Ouest, pour être la capitale des fourrures de l’Extrême-Nord, était le centre de ralliement du principal contingent de la tribu montagnaise.[1] Nous avons rencontré les Montagnais au lac Froid, à l’Ile à la Crosse, au Portage la Loche. Nous les reverrons en des zones plus septentrionales. Mais le fort Chipewvan fut, de mémoire de Blanc, la citadelle de cette grande famille indienne.

La raison en est que, outre les pelleteries et les fauves communs à toutes les régions hyperboréennes, le lac Athabaska et ses épanchements occidentaux, qui forment les lacs Brochet, Clair, Mammawi, etc., entretiennent, aux belles années, d’abondantes réserves de poissons et d’oiseaux. Tandis que dans les eaux passent et repassent, par saisons, les légions poissonneuses, des flottes de palmipèdes viennent se balancer sur les vagues.

Ces oiseaux aquatiques sauvages, oies impériales, oies blanches, oies grises, cygnes, grues, sans parler des canards de toutes espèces, s’abattent, chaque printemps et chaque automne, à l’ouest du lac Athabaska, dans les grands relais annuels de leurs migrations des pays chauds à l’océan Glacial, et de l’océan Glacial aux pays chauds. Des pays chauds, ils arrivent avec le mois de mai, se reposent deux ou trois semaines, et repartent d’un seul vol pour les bords mousseux de l’océan polaire. Dans les trois mois de soleil sans nuit de ces parages, ils auront élevé leurs petits et refait leur plumage. Ainsi multipliée, la bande reviendra au lac Athabaska, où, de la fin du mois d’août aux derniers jours d’octobre, elle séjournera pour s’engraisser.

C’est un plaisir, payé souvent de rudes contributions de

  1. Ne pas confondre nos Montagnais (nation Dénée) de l’Extrême-Nord avec les Montagnais (nation Algonquine) de l’est du Canada. Rien de commun entre ces tribus.