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AUX GLACES POLAIRES
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revenant sur ses pas de 1872, jusqu’au fort Providence, où il aborda le 10 octobre 1873[1].


Les brèves narrations des grands voyages que nous venons de faire laisseront-elles entrevoir ce qu’il ch fut des trente ans, et plus, que durèrent les courses de Mgr Clut ?

Si l’on décompte deux rapides tournées, au Canada et en France, la vie épiscopale du coadjuteur d’Athabaska-Mackenzie se passa à exécuter les visites du vicariat, au nom du vicaire apostolique, tant du lac la Biche au fort Mae-Pherson, que du fond du lac Athabaska aux montagnes Rocheuses, sur les rivières Athabaska, la Paix, Liard, Nelson, le fleuve Mackenzie, etc… Son calcul évaluait à 4 ou 5 ans le temps d’une ronde générale. L’on ne montrerait peut-être pas une baie des grands lacs où quelque tempête ne l’ait fait reculer devant l’abîme des vagues, pas une chaîne dé rapides qui ne lui ait broyé quelque embarcation, pas une grève des fleuves polaires qu’il n’ait gravie à pied, attelé par un cordeau à sa barque que les rames étaient impuissantes à pousser à l’encontre des courants accélérés. L’office du rameur, remontant ces cours d’eau, devient, en effet, celui des chevaux de halage de nos rivières et canaux d’Europe, à la différence que, sous les pieds ferrés de l’animal, le chemin, préparé par l’homme, se déroule ferme et uni, tandis que sous le souple mocassin du missionnaire la nature encombre ses rivages de rochers abrupts, d’éboulis monstrueux, ou bien les étend en tourbières visqueuses où le haleur s’enliserait s’il n’était retenu à l’esquif par son propre attelage. Que de fois aussi, du haut d’une falaise qui s’effrite sous son effort, ou mêlé au pan de grève que son poids achève d’entraîner, le malheureux ne tombe-t-il pas au fleuve ! Son cordeau devient encore son salut, s’il ne s’est pas tué dans le trajet même de la chute.

  1. Il fut découvert, dans la suite, que l’Alaska appartenait à la juridiction de Vancouver. Le Père Lecorre, rappelé par Mgr Faraud, en 1874, revint par San Francisco.

    La consolation et l’honneur, restèrent à Mgr Clut et au Père Lecorre d’avoir contribué au salut de plusieurs âmes et d’avoir été les premiers prêtres catholiques à fouler les terres et les eaux de l’Alaska.

    Le fort Youkon avait déjà reçu les visites, à peu près infructueuses, de deux missionnaires de Good-Hope : celle du Père Séguin, en 1862, et celle du Père Petitot, en 1870.