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AUX GLACES POLAIRES

n’étions que prêtres missionnaires, et que ni l’un ni l’autre de nous n’avait le plus léger soupçon qu’il put un jour échanger la croix de l’Oblat pour celle du Pontife…

Séparons-nous, Monseigneur, pour donner à Dieu et à la partie de son église qui nous est échue en partage le peu qui nous reste de force et d’énergie. Voyez avec quelle ardente et légitime impatience vous êtes attendu par tous nos frères de l’Athabaska et du Mackenzie. Ils vous appellent de tous leurs vœux. Les tribus qu’ils évangélisent soupirent après votre arrivée, comme après une époque de grâce et de sanctification. Allez inaugurer l’ère nouvelle que le Seigneur, dans son infinie miséricorde, réserve aux infortunés habitants de ces lointaines et arides régions. Adieu, cher ami ; oui, soyons à Dieu, pour que les peuples qu’il nous a confiés soient aussi à lui !


Mgr Faraud reprit sa vie voyageuse, malgré ses infirmités croissantes, pendant quatre ans. Sur la rivière la Paix, il alla jusqu’au fort Saint-Jean, au pied des montagnes Rocheuses. Sur le fleuve Mackenzie, il meubla le pauvre couvent bâti par Mgr Grandin, le Père Grouard et le Frère Alexis, et qui devait recevoir les Sœurs Grises. Lui-même se rendit au-devant des religieuses afin de les conduire, par les rapides et les grands lacs, du lac la Biche au fort Providence. Il demeura deux ans à cette mission afin de soutenir les premiers efforts des vaillantes ouvrières et de nourrir leurs premiers orphelins.

À cette date, 1869, remettant le soin des voyages à son auxiliaire, Mgr Clut, il vint se placer — nous savons pourquoi — au poste fixe de son long dévouement : le lac la Biche.

Au lac la Biche, il resta vingt ans, luttant par la résignation contre une souffrance continuelle, et gouvernant ses missions, à la méthode des évêques du Nord, par la vigilance sur les transports, par les travaux manuels, par les correspondances avec ses missionnaires.

Ce fut durant cette période que Mgr Faraud établit le vicariat sur des assises, demeurées intactes jusqu’aujourd’hui.


Comme Mgr Taché, il était né administrateur. Au point de vue temporel, le principal dans un pays où tout est l’enjeu de la lutte pour la vie, il ne se départit jamais des seuls principes de sauvegarde : économie et res-