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BERCEAU D’ÉVÊQUES

sier, Leduc, et les Frères Lalican, Hand et Mooney. Il emportait aussi secrètement les bulles de son futur auxiliaire, obtenues dans les conditions que nous verrons plus loin.

Il avait été sacré, le 30 novembre 1863, par Mgr Guibert, O. M. I. sur le tombeau de saint Martin, l’apôtre des Gaules, dont il avait pris la devise, devise qu’il devait si admirablement honorer : Non recuso laborem. Je ne refuse pas le travail.


En juillet 1865, vingtième anniversaire exactement de l’arrivée de M. Thibault, en ce même lieu, pour « l’heure de Dieu », Mgr Faraud atteignait le Portage la Loche, limite sud de sa juridiction. Sur l’adieu à son « ami d’enfance apostolique » prenant possession de son héritage, Mgr Taché voulut achever son livre des Vingt Années de Missions :


Mgr Faraud, arrivé à ces hauteurs du Portage la Loche, salua, d’un côté, le diocèse de Saint-Boniface, auquel il n’appartenait plus, mais où il avait, lui aussi, porté le poids de la chaleur et du jour… De l’autre côté, l’Évêque d’Anemour voyait plus que la terre promise : c’était la terre donnée, la portion de son héritage et de son calice : terre de travail ; mais le prélat, fidèle à la devise qu’il a choisie avec tant d’à-propos et de générosité, répéta volontiers : Non recuso laborem

Un vicariat apostolique auprès du Pôle nord, ce n’est pas l’idéal de ce que l’homme ambitionne d’ordinaire, mais bien la parfaite réalisation des vœux de ceux qui ont été appelés à la vie religieuse par la méditation de la sublime maxime : Evangelizare pauperibus misit me. — Il m’a envoyé évangéliser les pauvres…

Depuis que nous sommes entrés dans la lice, tous nos efforts ont été confondus ; en nous séparant aujourd’hui, bien-aimé Seigneur, nous n’en serons que plus unis, puisque non seulement nous poursuivrons le même but, mais qu’une égale responsabilité va désormais peser sur chacun de nous.

En vous remettant cette portion de la vigne du Seigneur que le Souverain Pontife vous a confiée, et que j’administre depuis douze ans, par moi-même ou par notre commun ami, Mgr Grandin, je ne puis qu’éprouver une profonde émotion et une vive sympathie. Je ne vous dissimulerai pas non plus, et l’expérience permet de vous le dire, que les splendeurs et la pompe qui entourent la dignité épiscopale n’en écartent ni les soucis ni les douleurs. Vous vous surprendrez plus d’une, fois à regretter les heureux jours que nous avons coulés ensemble, lorsque nous