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BERCEAU D’ÉVÊQUES

Il s’y élança, en 1849, pionnier de son futur vicariat d’Athabaska-Mackenzie.

Rien ne semblait manquer au Père Faraud pour aller établir les chrétientés nouvelles. En un hiver et un printemps, il avait appris le cris et le montagnais. Il aimait les sauvages des bois, qu’il avait rapidement compris dans leurs mœurs et leurs dispositions natives ; et les sauvages le lui rendaient en affectueuse confiance. Sa culture, sa distinction, son tact l’accréditaient auprès de l’omnipotente Compagnie de la Baie d’Hudson. Tout était à construire par le travail manuel, presque sans outils, contre des températures effroyables, mais il était d’une force herculéenne, et son habileté à manier le bois et à défricher les forêts n’avait point d’égale dans le pays. En présence d’un abatis à équarrir, d’une maison à dresser, d’un champ à retourner, tel fut toujours son calcul : « Cet ouvrage occuperait un homme quatre jours, donc je le ferai en deux. » Il le faisait quelquefois en moins.

Il construisit les premières bâtisses de toutes les missions du lac Athabaska, du Grand Lac des Esclaves et de la rivière la Paix.

Pendant les quinze ans qu’il fut simple prêtre, il parcourut ces régions, soit en canot, soit en raquettes, fondant coup sur coup les missions de la Nativité, de Saint-Joseph, du Fort Vermillon, de Dunvégan, et visitant dans les bois les divers camps indiens.

Sa résidence, durant cette période, — résidence, en langage de missionnaire du Nord, prêtre ou évêque[1], veut dire : pied-à-terre, base de voyages, lieu où l’on est censé demeurer ; mais où l’on demeure moins souvent, parfois, que partout au dehors, à cent lieues à la ronde — la résidence principale du Père Faraud, avant son élévation à l’épiscopat, fut le lac Athabaska. Il écrivait, en 1859 :

  1. Ce serait réellement embarrasser S. G. Mgr Brevnat, par exemple, que de le mettre en demeure de nommer sa résidence épiscopale. Depuis 20 ans (1901-1921) qu’il est vicaire apostolique du Mackenzie, il ne l’a pu déterminer encore. À plus forte raison ignore-t-il en laquelle de ses missions il finira, s’il doit finir, par établir son trône pontifical. Il a choisi pour devise : Perigrinari pro Christo, Voyager pour le Christ.