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AUX GLACES POLAIRES

— Tu ne feras jamais rien de bon !

L’impression fut celle d’un trait de feu. Madame Faraud, le remarquant, prit son fils par le bras, l’agenouilla aux pieds de la Sainte Vierge et le consacra à la divine Mère. Instantanément, le changement s’accomplit, et la résolution du petit « converti » se détermina : il serait prêtre, et il entrerait dans une congrégation dévouée à la Très Sainte Vierge.

Henri devait être toute sa vie, et jusque dans sa manière de mourir, un de ces caractères sans partage, à l’emporte-pièce, auxquels est innée l’horreur des demi-mesures, des « à peu près », comme de la ruse et de l’imprécision ; une âme ouverte, pensant tout haut, et se laissant toucher jusqu’au fond, au premier abord. Élevé dans l’indifférence, il eut fait un Paul de Tarse redoutable. Donné à Dieu, il ne pouvait que devenir un « Apôtre des nations », un passionné de la vérité, de la vertu, du salut des âmes.

Dans les premiers siècles de l’Église, les évêques de sa trempe étaient canonisés par la voix du peuple, qui est l’une des voix de Dieu.


Il se livra, de toute son ardeur, à ses études, sur les bancs de l’école apostolique (juniorat des Oblats), qui s’ouvrait alors à Notre-Dame des Lumières, et, de là, au travail spécial de sa perfection, au noviciat de Notre-Dame de l’Osier.


Le 8 novembre 1846, il arrivait à Saint-Boniface, n’étant encore promu qu’aux ordres mineurs. Mgr de Mazenod n’avait pu le retenir davantage au scolasticat de Marseille, tant son impatience était vive d’aller « aux missions sauvages. »

Le 8 mai 1847, il recevait l’onction sacerdotale des mains de Mgr Provencher.

Le Père Faraud débuta par des courses dans la prairie. Mais la prairie était trop bornée pour lui. Ainsi arriva-t-il, en 1848, à l’Île à la Crosse, chez M. Laflèche et le Père Taché.

L’Extrême-Nord était devant lui, l’appelant de son immensité.