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AUX GLACES POLAIRES

les déserts de l’Ouest… De descendance française et catholiques, nous devenions les auxiliaires attitrés des missionnaires, avec la charge et l’honneur de perpétuer ici la mission de nos pères canadiens…


Canadiens et métis furent bien, en effet, les auxiliaires du missionnaire, après avoir été ses précurseurs, dans l’établissement de l’Évangile. Ils furent ses guides dans les mystères de la prairie et de la forêt. Ils furent ses maîtres dans les langues sauvages. Ils furent parfois les sauveurs de sa vie. À chaque pas, depuis l’origine jusqu’à nos jours, l’histoire des missions du Nord-Ouest, du Nord et de l’Extrême-Nord retrouve leurs traces vives dans les chemins de la foi comme dans les chemins de neige.


Si M. Thibault alla vers les tribus lointaines du Nord, ce fut à la demande d’une délégation française envoyée, en 1840, à Saint-Boniface, par les Indiens du versant est des montagnes Rocheuses, et conduite par un Piché. De Saint-Boniface à Edmonton, il eut pour guide et serviteur un Laframboise ; et, d’Edmonton aux montagnes Rocheuses, un Gabriel Dumont. En 1844, lorsqu’il se trouvait chez les Montagnais du lac Froid, il fut amené à visiter le lac la Biche. Comment ? Il va nous le dire :


Un vieux Canadien, Joseph Cardinal, natif de Saint-Laurent, près de Montréal, vint me prier de me rendre au lac la Biche, où sa famille était réunie pour m’attendre. Que ne peut le souvenir de l’enfance ! Précieuse impression puisée sur le sein maternel, et gravée en caractères ineffaçables au cœur de l’homme ! Ce bon vieillard, écrasé sous le poids de ses quatre-vingt-huit années, me guida à travers les bois et mille embarras difficiles à franchir, jusqu’au lac la Biche, à dix journées de marche à pied. J’y rencontrai une quinzaine de familles qui me reçurent avec une reconnaissance infinie. Tous se confessèrent plusieurs fois et furent assidus aux exercices de la mission qui durèrent quinze jours.


Au grand rendez-vous du Portage la Loche, M. Thibault trouva un métis de la nation dénée, qui, après sa conversion, gagna la reconnaissance de tous les missionnaires de l’Athabaska-Mackenzie.

C’était un vieillard à barbe longue — frappante exception