Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
AUX GLACES POLAIRES

l’année suivante, le grand voyage au Portage la Loche. En attendant, il envoie à la nation dénée un message, la conviant, en plus grand nombre possible, à ce rendez-vous.


La nouvelle d’un accident déplorable devait lui apprendre bientôt à quel danger venaient d’échapper les bons Indiens qu’il lui tardait de donner à Dieu.

Un ministre wesleyen, M. Evans, « homme d’un zèle digne de servir une meilleure cause », avait, en 1842, et sur l’invitation de la Compagnie de la Baie d’Hudson, visité rapidement les postes du district, sans plus faire que de donner « quelques bons conseils » aux Indiens rencontrés. Son terrain ainsi reconnu, il avait lancé une lettre aux « chefs et guerriers » du lac Athabaska et de l’Île à la Crosse, leur promettant qu’il viendrait les instruire, l’automne 1844. Beaucoup se rendirent à l’invitation. Mais le prédicant ne parut pas. Parti en canot léger, à la date voulue, avec son interprète, Thomas Assell, montagnais lui-même et fort estimé de ses compatriotes, il n’était plus qu’à trois jours de l’Île à la Crosse, lorsque, au détour d’une rivière, il aperçut des canards et voulut les tirer. Comme il levait son fusil, le coup partit, frappant dans le dos l’infortuné Assell. M. Evans, craignant la rancune des sauvages, enterra le corps et rebroussa chemin.

M. Thibault apprenait, en même temps, que les Montagnais, émus de ce malheur, soupiraient davantage après le ministre de la vérité. Il se prépara donc avec une ardeur plus grande à la rencontre du Portage la Loche.


Nous n’avons pas oublié ce qu’était, à cette époque, le célèbre Portage la Loche, « seuil de l’Extrême-Nord », « point culminant de la séparation des eaux hudsoniennes et Arctiques ».

Sur ce plateau, tout le commerce du bassin de l’Athabaska-Mackenzie devait passer. C’était le terminus des caravanes. Celles de la baie d’Hudson, de Montréal, de Winnipeg y déposaient leurs marchandises, et revenaient sur leurs pas, avec les fourrures de l’Extrême-Nord. Celles de l’Extrême-Nord, allégées de leurs fourrures, prenaient les marchandises, et s’en retournaient les distribuer, sur la