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L’HEURE DE DIEU

pas été les premiers. Tous, nous y avons été devancés par d’admirables ouvriers évangéliques, membres du clergé séculier, qui ont porté bien haut et bien loin la bannière sacrée du salut dans ces contrées, alors qu’elles étaient du plus difficile accès et des plus inhospitalières. Ces nobles pionniers de la foi ont été nos devanciers, nos modèles ; et, je suis heureux de le dire, ils continuent d’être nos compagnons ; ils sont nos amis et nos collaborateurs. »


Mgr Provencher, le premier de ces pionniers de l’Ouest, avait abordé à la Rivière-Rouge, dans la localité devenue Saint-Boniface et Winnipeg, le 16 juillet 1818. Il arrivait, simple prêtre, envoyé par Mgr Plessis, évêque de Québec, unique diocèse du Canada. M. Dumoulin était son compagnon.

Mgr Plessis répondait à la demande, instamment formulée, d’un Lord protestant, chef de la colonie de la Rivière-Rouge : Sir Thomas Douglas, comte de Selkirk.

Le noble Lord, écossais de patrie, avait acheté le plus grand nombre des actions de la Compagnie de la Baie d’Hudson, avec l’intention de se faire octroyer par la Compagnie un terrain propice à la fondation d’une colonie pour ses compatriotes. Il obtint 256 kilomètres carrés qu’arrosaient la rivière Assiniboine et la rivière Rouge. En 1812 il installa, au confluent de ces rivières, une vingtaine de familles écossaises, qu’il vit bientôt débordées par les coureurs-des-bois et par les voyageurs engagés des deux Compagnies de fourrures, presque tous d’origine française.

Vinrent les querelles suscitées par la Compagnie du Nord-Ouest, des incendies, des épidémies, la famine.

La colonie allait sombrer dans le découragement, lorsque Lord Selkirk, comprenant que la religion catholique seule pouvait la sauver, demanda des missionnaires à l’évêque de Québec. Il fit son premier appel en 1816. Il le réitéra l’année suivante avec plus d’instances. En 1818, Mgr Plessis lui donnait M. Provencher.

Le changement souhaité s’accomplit bientôt.

« Toutes les familles, réconciliées et rassurées par la religion, reprirent le travail avec ardeur. Le pays qui jusqu’alors n’avait offert que le spectacle de la division, de la haine et de la vengeance, voyait tout à coup l’union