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LA LUTTE POUR LA VIE

délicieux. Il est si gras qu’il se cuit dans sa propre graisse, et qu’il n’est besoin d’autres condiments pour le rendre succulent. Il est si varié qu’une espèce semble avoir été accommodée pour chaque goût par la Providence : ce sont principalement le brochet, la carpe, la truite, l’inconnu (saumon blanc), le hareng, le poisson-blanc, le poisson-bleu.


Une truite du Grand Lac de l’Ours
Ces poissons fourmillent dans les eaux septentrionales ; mais en des endroits qu’ils préfèrent, et qu’il s’agit de trouver. Tous migrateurs, ils vont des lacs aux rivières et des rivières à la mer, par espèces, par saisons, en des passes gigantesques.

C’est à la passe d’automne qu’il faut les prendre, rapidement, juste au temps voulu pour qu’ils se conservent gelés, et en grande quantité.

Vingt-cinq mille poissons ne sont pas trop pour nourrir, un hiver durant, cent cinquante bouches : pères, frères, religieuses, vieillards, enfants et chiens — qu’on nous pardonne ce rapprochement, la seule différence entre les personnes et les chiens, au point de vue que nous traitons, étant que ceux-ci avalent leur ration du jour toute crue et en une fois, et que les hommes la mangent cuite, s’il se peut, et en trois fois.

La pêche d’automne requiert une patiente préparation, un agrès considérable, de longs et dangereux voyages. Peu de missions ont leur bassin de pêche dans leur voisinage. Ainsi les bassins du fort Providence sont à 64 kilomètres, ceux du fort Simpson à plus de 240 kilomètres. Entre la mission et le vivier d’occasion, il y a toujours des lacs houleux à traverser ou des rivières rapides à remonter.