Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le Saint-Joseph pouvait desservir le lac Athabaska, la rivière la Paix jusqu’aux chutes du Vermillon, et la rivière Athabaska du fort Mac-Murray au fort Smith.

Au fort Smith rugissaient les infranchissables rapides : mais par delà ces rapides s’ouvrait la navigation de 2.500 kilomètres, jusqu’à l’océan Glacial, comme nous l’avons dit.

Il fallait donc un deuxième steamer.

Mgr  Grouard reprit la besace ; et, en 1915, le fier petit Saint-Alphonse fit son « Voyage de noces » du fort Smith aux bouches du Mackenzie[1].


La division du vicariat d’Athabaska-Mackenzie s’étant opérée en 1901, l’œuvre de progrès fut poursuivie dans l’Athabaska par Mgr  Grouard, et dans le Mackenzie par Mgr  Breynat.

Les deux vicaires, comme par une apostolique émulation, fondèrent de nouveaux postes, de nouveaux couvents, et mirent au service de ces développements des ressources nouvelles. Tandis que Mgr  Grouard donnait à la rivière la Paix le Saint-Charles, premier vapeur à paraître en ces légions, Mgr  Breynat lançait, sur la rivière des Esclaves, le Grand Lac des Esclaves et le fleuve Mackenzie, le Sainte-Marie, le mieux construit et le plus rapide des steamers qui aient encore parcouru les fleuves et les lacs de l’Extrême-Nord.


Cependant les rapides continuèrent à revoir, chaque printemps, la flotte des missionnaires. Elle partait d’Athabaska-Landing, depuis l’abandon du lac la Biche, se grossissant chaque année pour répondre au « tonnage » des petits vapeurs, qui l’attendaient au fort Mac-Murray et au fort Smith.

Les deux vieilles barges « courtes et ventrues » avaient fait place à des barges longues, larges, plates et rectangulaires, simplement recourbées à l’avant et à l’arrière, munies de rames énormes (des sapins entiers), et fabriquées, à l’embarcadère même, avec de rudes madriers, condamnés

  1. Le nom de Saint-Alphonse lui fut donné par reconnaissance envers les Pères Rédemptoristes qui avaient généreusement avancé la moitié de la somme que coûterait le bateau. La Propagation de la Foi pourvut au reste.