de la Compagnie la remontaient, chaque printemps, pour alimenter les forts-de-traite du Nord-Ouest.
Le premier blanc, qui eut la hardiesse de s’engager à
travers la prairie elle-même, fut le Père Albert Lacombe.
C’est en 1860 qu’il partit du lac Sainte-Anne, à 64 kilomètres
à l’ouest d’Edmonton, pour cette exploration. Il
pointa sa marche sur Saint-Boniface. Rien ne le déconcerta
dans cette « traversée » de 1.500 kilomètres :
Le R. P. Lacombeni les accidents
de terrain qui
coupaient en tous sens
la grande plaine sauvage,
ni les bandes de
Cris, d’Assiniboines et
de Sauteux qui la terrorisaient.
C’est sur ce chemin du large, découvert et jalonné par le Père Lacombe ; c’est à sa suite et à la faveur de son prestige sur les brigands indiens — détails singulièrement oubliés par nombre d’auteurs qui se targuent d’exactitude et de justice — que toutes les caravanes du Nord, commerçantes, exploratrices et apostoliques, passèrent pendant trente ans.
Le voyage « par la prairie », relativement facile aux années favorables, devenait extrêmement pénible aux saisons pluvieuses, et deux mois n’y suffisaient plus alors :
« Le trajet de Saint-Boniface au lac la Biche, raconte, en 1880, Mgr Clut, auxiliaire de Mgr Faraud, nous prit soixante-quinze jours. Nos animaux, ne pouvant s’arracher des bourbiers, des marais et des fondrières presque continuels, les missionnaires étaient obligés de marcher dans l’eau glacée et de patauger dans la boue pour leur venir en aide. »
« Vers le milieu du voyage, une épreuve nouvelle nous atten-