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qui le supportent encore aujourd’hui, tout déboublé qu’il soit en Athabaska et en Mackenzie.

Il eut pour l’assister, pendant ces vingt ans, des auxiliaires de tout dévouement, parmi lesquels les Pères Maisonneuve, Tissot, Grouard, Collignon, Leduc, Henri Grandin.

La première expédition, faite du lac la Biche pour Mac-Murray, consistait en une barge, contenant 80 pièces de 100 livres chacune. C’était peu ; mais c’était beaucoup plus déjà que n’en avait jamais permis la route du Portage la Loche.

Bientôt le convoi se doubla, et les missions purent se doubler aussi. Les deux barges étaient frétées régulièrement, à la débâcle de mai, et partaient, poussées par 17 rameurs, sur les premières eaux.

Plusieurs fois elles échouèrent dans les rapides. Elles s’y brisèrent. L’une ou l’autre y laissa, en tout ou en partie, son précieux chargement. Il y eut des retards, des déceptions. Il arriva à des guides sans pitié d’y abandonner les voyageurs. Plusieurs y furent blessés. D’aucuns y furent réduits aux extrémités de la misère. Mgr  Faraud lui-même faillit y mourir de faim. Mais, comme si la bénédiction de Mgr  Taché eût lié les maléfices de ces rapides de l’Atbabaska, nul missionnaire n’y périt, pas plus durant les vingt ans de Mgr  Faraud, que durant les vingt-huit qui suivirent, sous Mgr  Grouard et sous Mgr  Breynat, tandis que maints commerçants, explorateurs et touristes y trouvèrent la mort.


Tout en veillant à la marche ordinaire des affaires, Mgr  Faraud tenta, dès 1870, la réalisation d’un projet, consistant à tailler en plein bois, du lac la Biche à Mac-Murray, un chemin continu et direct de voitures, qui brûlerait l’étape des rapides. Il y travailla à plusieurs reprises, mais en pure perte, car les moyens d’action trahirent sa volonté ; et les 120 kilomètres apprêtés durent être abandonnés, sans avoir jamais servi.

Non découragé par cet échec, il tourna ses efforts contre la petite rivière la Biche, qu’il fallait descendre pour parvenir à la rivière Athabaska, et dont les propres rapides, quoique moins périlleux que ceux de l’Athabaska, ne laissaient pas d’être très incommodes par leurs crues capri-