Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
D’UN EXILÉ

Le 18, même vent qu’hier, nous vîmes un navire gouvernant Nord-Est. Sur le soir la brise devint violente ; la mer fut très agitée toute la nuit. Le ciel était clair et l’air tempéré.

Le 19, le vent soufflait toujours Sud-Ouest avec violence, la mer très grosse, à chaque instant la vague couvrait le vaisseau, plusieurs d’entre nous furent incommodés du mal de mer ; moi surtout. Sur le soir le vent tomba totalement et le temps se couvrit, nous étions tous chagrins de voir le vent toujours contraire à notre route, nous qui désirions si ardemment d’arriver au sein de nos familles et qui étions si fatigués de la navigation. Tout nous faisait trouver le temps long et ennuyeux ; cependant il nous fallait encore une quinzaine de jours de navigation.

Les 20, 21, 22, le vent soufflait toujours Sud-Ouest avec violence, l’atmosphère, et le temps froid.

Le 23, le temps fut calme excepté une légère brise du Sud-Ouest, nous passâmes quantité d’herbes marines qui sortaient du Golfe de la Floride ; nous étions en parallèle avec l’extrémité Sud-Est des Bancs de Terre-Neuve. Nous vîmes une espèce de petits oiseaux de la grosseur d’un Rossignol voltiger autour du vaisseau se jeter à l’eau et plonger. Nous rencontrâmes un vaisseau Danois qui faisait voile au Nord-Est ; il échangea des signaux avec nous.

Le 24, vers minuit le vent s’éleva graduellement de l’Est Sud-Est se trouvant favorable à notre route. À huit heures du matin le vent souf-