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D’UN EXILÉ

Nous rencontrâmes un navire Écossais venant de Glasgow et cinglant pour Bombay dans les Indes Orientales. L’impétuosité du vent ne nous permit pas de lui parler. Nous nous eûmes bientôt perdus de vue l’un et l’autre : latitude 12° 24′.

Le 5, la brise continuait à souffler du Sud Est avec force, et favorisait fort notre route. Le temps fut nuageux, nous nous aperçûmes que le vent Sud Est était plus constant depuis le 14° latitude (Sud) : nous avions proprement atteint les vents de commerce. Vers trois heures P.M. nous rencontrâmes un bâtiment Américain qui faisait voile au Sud, il venait de Boston. Nous nous signalâmes l’un l’autre. À huit heures du soir nous en rencontrâmes un autre qui passa près de nous. Nous ne pûmes le voir que faiblement à cause de l’obscurité. Cependant ils élevèrent une lumière à diverses reprises. Chose assez remarquable, depuis que nous étions arrivés sous les Tropiques, tous les oiseaux petits et gros qui jusque là avaient environné notre vaisseau depuis notre départ, disparurent graduellement à mesure que nous avancions vers l’Équateur, excepté pourtant une sorte de petites hirondelles noires et grises que les marins anglais appellent “ Mother Carry’s chickens.”

Le 6 le vent continua à nous favoriser avec la même force, heureusement pour nous, car le soleil dardait ses rayons presque verticalement sur nos têtes. Sans la brise Sud Est, nous aurions fort souffert de la chaleur. Le 7, même vent. Le ciel nuageux et le temps chaud. Nous