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d’un exilé

de deux ans. Le pays reçut alors son émancipation et fut doté d’une constitution ; mais cette faveur n’avait pas encore apporté, à l’époque de notre départ, aucun changement à l’affreuse condition d’une foule d’émigrés et d’autres de la classe ouvrière qui encombraient les chemins et les rues criant misère à haute voix faute d’emploi. Ceux qui étaient employés criaient aussi contre la réduction de leurs salaires ; ainsi c’était un cri de misère générale d’un bout à l’autre de la Colonie. Les choses en étaient à ce point critique quand nous en sommes partis.



MÉMOIRE.


Il y a dans la Nouvelle Galle un très grand nombre d’Aborigènes. Les Européens, n’ont jamais pu les amener à aucun dégré de civilisation. — C’est la caste d’hommes la plus stupide et la plus dégoûtante au monde. Ils sont divisés par tribus sans cesse errantes ; ils ne couchent même jamais deux fois à la même place, et toujours en plein air sans aucun abri. Ils vivent de Kangaroos, d’Opossums, de Goana, de Serpents et autres animaux qu’ils attrapent et mangent tout crus. — Ils ne portent aucune espèce de vêtement. Ils sont mal-propres et féroces à l’excès. Cependant les tribus qui avoisinent Sydney, et autres places habitées par des Européens, ont un peu perdu de leur férocité et leurs mauvaises habitudes naturelles. (Ils sont tous Cannibales.) Mais jamais ils n’ont pu être engagés à travailler et à améliorer leur