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D’UN EXILÉ

nous fut contraint de se livrer à des travaux qui leur étaient tout à fait étrangers et en dehors de leur branche d’industrie.

Lorsque le gouvernement décida de nous assigner à des particuliers de la colonie, chacun de ceux qui voulaient nous avoir à leur service avait à venir nous chercher à l’établissement où nous étions, et il est de mon devoir, et c’est une justice dûe à mes compagnons, de citer ici les faits suivants, afin de faire connaître comment on en a usé à notre égard. Comme nous jouissions tous d’un bon carractère, et qu’il était reconnu par tout le pays que nous étions d’honnêtes gens et des gens avantageux, alors chacun s’empressa de faire application au gouvernement pour nous avoir. Comme c’est l’ordinaire, les plus haut placés dans le gouvernement eurent la préférence ; et le premier surintendant des convaincus appelé Capt. MacLean, vint en chercher une dixaine d’entre nous. Un Sir Thomas Mitchell, Arpenteur Général et Conseiller, en obtint trois ou quatre : Un Député Arpenteur Général appelé Mr. Perry en eut cinq ou six : Un Mr. Dumas, premier commis d’un des Bureaux du gouvernement en eut dix à douze au nombre desquels je me trouvais. Tous ces gentils hommes là profitèrent de nos services pendant plus de dix-huit mois après notre servitude de deux années au gouvernement, ne nous donnant que de faibles accomptes sur les gages qu’ils étaient convenus de nous payer. Voyant que nous ne pouvions rien retirer d’eux, nous demandâmes notre décharge et le montant de