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JOURNAL

faim et de fatigues vers cinq heures et demie ou six heures du soir.

La seconde journée après notre arrivée, nous avons obtenu la permission de laver l’appartement nous devions coucher. Jusqu’à notre arrivée, il avait été occupé par quelques centaines de prisonniers qui avaient été envoyés ailleurs pour nous faire place. Mais malheureusement pour nous, ils n’avaient pas emporté avec eux toutes leurs saletés et leur vermîne, et leur gîte devenu le nôtre, était d’une dégoûtante mal propreté. Dans le courant de la même journée, ils nous firent tous assembler, et nous dirent que les hardes que nous avions sur nous, allaient être étampés, et qu’il nous serait permis de porter ces mêmes hardes jusqu’au 1er Mai, jour auquel le gouvernement distribuerait des hardes aux prisonniers, hardes qui consistent en un gilet et pantalon de gros drap gris, une chemise de coton, une paire de souliers et un cap gris, le tout étampé avec de grosses lettres, cet habillement est pour six mois et la saison de l’hiver. En Novembre nous en reçûmes une autre de toile, qui était pour l’été. Car c’est en ce mois que commencent les grandes chaleurs de l’année. Il nous fallut se soumettre à cette opération humiliante ; et toutes nos valises et nos coffres avec leur contenu furent déposés dans les magasins du gouvernement pour nous être remis quand nous obtiendrions notre liberté. La troisième journée, ils nous conduisirent tous à l’ouvrage. Les uns cassaient de la pierre, d’autres la chariaient dans les chemins avec des