Page:Ducharme - Journal d’un exilé politique aux terres australes.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
JOURNAL

sonnement à Montréal, nous avaient extrêmement harassés ; que beaucoup d’entre nous étaient âgés et malades et que notre vœu le plus ardent était de nous fixer en ce lieu. Cette adresse fut mise entre les mains du Médecin du vaisseau qui la fit parvenir à sa destination. Nous reçûmes ce jour là, la visite de plusieurs gentils hommes, qui trouvèrent que nous nous tenions bien proprement et que nous avions tous de bonnes physionomies ; chose assez remarquable chez des rebelles.

Du 2 au 3 nous n’apprîmes rien de positif sur notre sort, seulement, que la question de savoir si nous devions nous fixer à Sydney ou aller plus loin, avait excité beaucoup de division dans le conseil. Nous sûmes encore que le pays était riche que les fruits y poussaient en abondance.

Le 4 il ne se passa rien de remarquable. Le temps était bien chaud ; les pieds nous brûlaient sur le pont du vaisseau. Les cousins ou maringouins nous tourmentaient beaucoup ; ils pénétraient même jusque dans l’entrepont où nous étions.

Le 5 un sergent vint nous avertir que nous devions être passés en revue à deux heures après-midi, et de nous préparer en conséquence. Effectivement vers trois heures, trois personnes vinrent à bord, et aussitôt nous fûmes tous appelés sur le pont étant successivement désignés par nos noms. Il nous demandèrent notre âge, le lieu de notre naissance, notre état, si nous étions mariés, si nous savions lire et écrire, etc.