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JOURNAL

veillante visite par une prière qu’ils firent parmi nous. L’Évêque nous donna sa bénédiction et se retira en nous disant qu’il reviendrait le lendemain. Cette visite inattendue nous causa beaucoup de joie et nous consola un peu.

Le 28, Monseigneur revint nous voir avec son Secrétaire et un autre Prêtre. Nous fûmes sensiblement étonnés de l’intérêt de ces Révérends Messrs. à notre infortune, de voir qu’ils ne comptaient pour rien la difficulté et le désagrément de monter et de descendre au moyen des échelles du bord et de venir nous trouver sous le deuxième Pont, lieu obscur et mal-commode, pour nous donner des consolations. Messire Brady (c’était le nom du Secrétaire) nous fit un petit sermon sur le malheur de notre sort : après quoi Monseigneur Polding (ainsi se nommait l’Évêque) fit la prière ; et demanda si quelqu’un désirait se confesser. Nous répondimes qu’oui. Ils en confessèrent une partie, et ayant des occupations qui les appelaient ailleurs, ils nous quittèrent en nous disant qu’ils reviendraient le lendemain confesser le reste, et donner à communier à ceux qui seraient disposés, que nous n’avions qu’à dresser une place convenable pour dire la Messe. Ils nous apprirent aussi ce jour là que le gouverneur Sir George Gipp était sur l’indécis de savoir s’il nous laisserait débarquer à Sidney, ou s’il ne nous assignerait pas un autre lieu. Rendus si loin et fatigués d’un si long voyage, nous fûmes fort contristés de cette nouvelle.

Le 29 à huit heures du matin, Monseigneur et