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JOURNAL

niers. Les autorités du vaisseau avec notre consentement en distribuèrent aussi à nos co-prisonniers du Haut-Canada.

Le 15 par un beau temps et une brise fraîche nous passâmes en vue de l’Isle St. Paul située au milieu de la mer des Indes. Elle ne nous parut être qu’une montagne. Elle n’est que d’une bien petite étendue et n’est pas habitée. On nous dit qu’elle possède deux sources ; l’une dont l’eau est froide et saine — l’autre dont l’eau est bouillante. Nous reconnûmes que nous approchions de quelque terre par une multitude d’oiseaux aquatiques de toute grandeur qui vinrent voltiger autour du vaisseau.

Le 16 le vent toujours favorable était bien diminué — le 17 il tomba presqu’entièrement.

Le 18 le temps était beau, nous eûmes le plaisir de voir les matelots et les soldats prendre à la ligne de gros oiseaux appelés Albâtros, bien nombreux dans la mer des Indes et dans la Pacifique. Ils en prirent qui avaient de dix à dix sept pieds d’envergure, c’est-à-dire d’une pointe de l’aile à l’autre lorsqu’elles sont déployées. Voici la manière dont ils les prennent. Ils jettent une ligne de grosseur ordinaire avec un hameçon appâté de viande. L’appât traine derrière le vaisseau en flottant à la surface ; quelquefois ils y mettent un morceau de liége pour l’empêcher de caler. Aussitôt que les oiseaux apperçoivent l’appât, il se précipitent dessus par douzaines et le saisissent, mais se trouvent pris par le bec. Ils se laissent tirer sans faire de résistance, au contraire ils s’aident de leurs aîles,