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D’UN EXILÉ

ils allèrent dans notre appartement, ouvrirent nos coffres en partie avec nos clefs, en partie avec des instruments de fer qui en forçaient le couvercle ; ils fouillèrent toutes nos hardes, enlevèrent nos rasoirs, nos couteaux de poches, nos ciseaux et notre argent, chose dont nous nous étions un peu munis en partant : ils visitèrent nos lits, tous les coins et recoins qui pouvaient renfermer quelques instruments meurtriers. Enfin après des recherches aussi minutieuses qu’inutiles ils remontèrent vers nous ; et l’un des officiers, appelé Niblett, secondé par plusieurs autres s’adressa à nous de la manière la plus grossière, et nous dit qu’ils avaient découvert le noir projet que nous avions formé de nous rendre maîtres de l’équipage et de nous diriger vers les côtes de l’Amérique : qu’ils avaient étouffé la conspiration à sa naissance et pris les mesures suffisantes pour prévenir nos mauvais desseins. Nous voulûmes nous justifier : nous voulûmes dire que jamais l’idée d’une révolte contre l’équipage n’avait occupé notre pensée ; que leurs sentiments ne pouvaient être fondés que sur de faux rapports : qu’ils en devaient êtres convaincus par leurs recherches dans notre appartement : on nous imposa silence en nous traitant de chiens, etc., ils nous firent descendre en bas et nous prescrivirent de nouveaux règlemens qui étaient sévères et durs. De ce jour il fallut se mettre au lit à huit heures précises et ne pas se lever avant six heures du matin : excepté en cas de besoin urgent ; et encore fallait il donner son nom à la sentinelle qui était à nos pieds de