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DE LA VERSIFICATION 185 On remarquera que la note philosophique fait le fond de toutes nos romances. C’est parce que ce caractère moral et élevé manque à la plupart des couplets en vogue que la romance est si discréditée. C’est aussi parce que les faiseurs ne se préoccu- pent guère de la pureté de la forme. La poésie est affaire d’inspiration et non de métier, et les absurdes serinettes qu’on débite dans les cafés-concerts ne sauraient porter atteinte à la Muse, cette divine consolatrice des cœurs souffrants.

                      CREDO ! 
                     — ODE — 
                A mon ami le docteur Dubrac. 

Je t’invoque en ce jour, O Lumière éternelle ! Viens m’aider à sonder l’abîme ténébreux Où gisait notre monde, avant que ta prunelle Eût éclairé d’en haut cet amas vaporeux ! Rien ne vivait alors ; tout était morne et sombre : C'était le règne affreux du Chaos et de l’Ombre Qui sans cesse planaient sur un gouffre sans fond ! Tout était confondu, les terres et les ondes ; Les mondes entarsés roulaient sur d’autres mondes Et nul bruit ne perçait le silence profond.