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Dès les vieux jours ensevelis dans les ténèbres,
Viennent là toutes les tribus de l’univers
Se profaner, sans joie, en hommages pervers,
Où leur âme s’endort pour des réveils funèbres.
 
Parfois quelqu’un surgit, de lumière vêtu,
Qui, jetant l’anathème au fond du sanctuaire,
Fait retentir dans un silence mortuaire
Sa voix, où pour jamais l’accent humain s’est tû.
 
Il exalte un espoir insensé de victoire
Qui, sous les pieds cruels de la divinité,
Révolterait son peuple en serpent irrité
Dans le mépris d’un châtiment expiatoire,
 
Et, le regard dans une extase évanoui,
S’ouvre la chair de la poitrine avec les ongles,
Puis lève haut, comme une fleur pourpre des jungles,
Ses mains rejointes en calice épanoui.
 
Tous alors, bondissant de leur sommeil stupide,
Morne océan qu’un vent de haine a déchaîné,
D’une seule clameur hurlent : qu’il soit traîné
Dehors, et que la main des femmes le lapide.