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QUAND LES VIOLONS SONT PARTIS

C’était le chant suave et mortel des sirènes,
Qui s’avançaient, avec d’ineffables lenteurs,
Les bras en lyre et les regards fascinateurs,
Dans les râles du vent divinement sereines,

Les naufragés déjà sombrés se révoltant,
Luttaient contre la mort à mains désespérées ;
Elles, les enlaçaient sur les vagues cambrées
Et les ensorcelaient de ciel pour un instant,
 
Puis les jetaient sans âme aux rages de la mer,
Qui soupirait jadis : « Abandonnez la grève,
Mes flots vous berceront vers des îles de rêve,
Où jamais un réveil n’a de sourire amer. »