Page:Dubus - Quand les violons sont partis, 1905.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

JARDIN MORT

Pour Paul Roinard.


Enclos de murs, dont les portes sont condamnées,
Le jardin, qu’ont flétri d’extatiques années,
Gît sous l’effeuillement de ses grâces fanées.
 
La ronce a lentement rampé sur les gazons,
Où les perverses, méditant leurs trahisons,
Cachaient le piège de subites pâmoisons.
 
Aux rives de l’étang, ce miroir qui frissonne,
Pour se rire ou cueillir des nénufars : personne,
Mais de mornes roseaux, que le Temps seul moissonne.
 
La brume ensevelit les bosquets vermoulus
Debout dans le silence et le calme absolus :
Brise ou bise, le vent n’y rôde jamais plus.