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ÉPAVES


Pour Louis le Cardonnel.


Au premier soir de leur voyage aventureux,
Les galions chargés de nos espoirs en faste
Furent, sans lutte, le jouet d’un vent néfaste,
Et l’Océan d’oubli s’est refermé sur eux.

Ils dorment ignorés sous leur linceul de vagues,
Et dans leurs flancs, qu’illuminèrent des trésors,
C’est désormais la nuit où se traînent les ors
De grands yeux monstrueux nimbés de terreurs vagues.

L’heure vient, fatidique, où ne restera plus
(L’eau s’acharnant sans haine à son œuvre infamante)
Que des débris sans nom, jetés par la Tourmente
Au rythme indifférent des flux et des reflux.