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LA DIVA

C’est au Café-concert un tel entassement,
Qu’on ne sait, ni comment s’avancer, ni comment
Reculer ; on s’écrase à plaisir ; la fumée
Plane, brouillard rougi de gaz, sous le plafond,
On crie, on rit, l’orchestre accompagne un bouffon
Qui glapit sa chanson d’une voix enrhumée.
 
Public mêlé : Gommeux en paletot mastic,
Monocle à l’œil, suçant la pomme de leur stick,
Mouquettes en sueur dont le fard se délabre,
Des calicots presqu’à la mode, mais sans gants,
Leurs maîtresses avec des poufs extravagants,
Des cabotins très débraillés, la face glabre.
 
Tout ce monde là fait un tapage infernal,
Les chanteuses devant un pareil bacchanal
Ont beau s’égosiller les deux poings sur les hanches,
Elles doivent céder la place à la diva,
Qui, lèvres rouge-sang, et seins nus poudrés, va
Frétillante, et le diable au corps, brûler les planches.