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BOUQUETIÈRE

Elle trotte menu par les grands boulevards
Haussant au nez des gens sa corbeille fleurie.
Son babillage d’une exquise effronterie
Déride les bons vieux solennels et bavards.
 
Cette ravissante et mignonne poupée
Aux yeux pervers sous un blond fouillis de cheveux,
Cambrant sa taille avec un coup de reins nerveux
Dans le reps défraîchi d’une robe fripée.
 
Elle a l’air déluré d’un gamin de Paris,
Le teint rosé de fard comme une vieille garde
Son mince fichu bâille un peu, pour qu’on regarde
Ses petits seins aigus blancs de poudre de riz.
 
Prenez-vous mes œillets, mes beaux messieurs, dit-elle,
En lançant des regards polissons aux gommeux
Je n’en ai pas toujours qui fleurent bon comme eux,
Mes feuillages sont fins comme de la dentelle.