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Evesché. — Parmi les églises des catholiques est celle de St Pierre, cathédrale, non achevée, et où sont 16 chanoines prébendés de 6 à 7 cens livres de rente, et qui sont la pluspart recteurs ailleurs de fort bonnes cures ou rectoreries dépendantes de leur chapitre. La premiere dignité est la thésaurerie. Mt Huart[1], fort honneste homme, curieux de plantes, fleurs et armoiries, la posséde, jointe au canonicat et valant deux mil livres de rente. Il y a 203 paroices en ce diocèse ; et abbayes : St Mélaine cy devant, St Pierre de Rillé[2], de ordre de St Augustin, aus fauxbourgs de Fougères, St Georges, abbaye de filles, dans la ville, prez la porte St Melaine, et autre maison de religieuses Bénédictines dite St Sulpice[3], à 3 lieues de la ville.

A la cathédrale[4] vous verre un portail et devant, dont le bas est à colonnages et ornemens d’ordre toscan, de pierre de grain, et sur la grande entrée se lit, en deux cartouches distincts, cecy :

En l’un :

Jacta fuerunt molis hujus fundamenta
XV Septemb. anno Christi MDXLI.

Et en l’autre :

Paulo IIIe Pont. Max. Francisco le Gall. rege
Henrico Brit. Duce Yvone presule.

Cest Yves est l’évesque Yves de Mayeuch[5], de l’Ordre St Dominique, qu’ils appellent le bon Yves, et le vénérent comme saint, Il a sa sépulture au bout austral de la croisée, en un petit portique à colonnage et ornemens de pierre blanche, d’ordre composite, avec son pourtrait en huyle, priant en évesque, dans le tympan ou plat-fonds de l’intercolonne, et ses armes là partout, dans les vitres de l’église et de l’évesché et és ornemens de l’office de l’église : d’argent à trois hermines de sable, au chef d’or chargé de trois coronnes d’espines d’or aussy, de sinople et de sable en quelques endroits, Ces armes, qui sont fausses, furent sans doute inventées de luy qui estoit de basse extraction et Jacobin de profession, comme le furent aussy celles de l’évesque d’Ossat[6] depuis cardinal, qui fut évesque de Rhennes en Van… et puis translaté à l’évesché de Bayeux ; — Voyez les évesques de Rhennes[7] — car ses armes sont tirées de l’histoire du déluge, a scavoir : d’une colombe d’argent tenant au bec un rameau de sinople ou d’olive.

  1. Francois Huart, seig. de Bauvres en Messac, trésorier de Rennes 1615-1653. V. « Pouillé histor. de Rennes », I, p. 156, et V. p. 598 ; et le tome I du méme ouvrage, sur l’organisation de l’Eglise de Rennes.
  2. Gall. Christ., XIV, col. 790 ; — « Pouillé hist. de Rennes », II, p. 595.
  3. V. « Pouillé hist. de Rennes », II, p. 304.
  4. V. « Pouillé hist. de Rennes », I, p. 164 ; — « La cathédrale de Rennes », par M. l’abbé Massabiau (Revue de Bret. et de V., 1863, 2° semestre, p. 337) ; — « L’ancienne cathédrale de Rennes », par M. l’abbé Guillotin de Corson (Mélanges historiques, I, p. 73} ; — « Les anciennes stalles de la cathédrale de Rennes et le privilége du sire d’Epinay », par M. de la Bigne Villeneuve (Soc. archéol. d’I.-et-V., 1862).
  5. Yves Mayeuc ou Mahyeuc, év. de Rennes 29 janv. 1507 — 20 septembre 1541 ; V. pour cet évéque, comme pour tous les autres : « Pouillé histor. de Rennes », 1 ; — et « Souvenirs d’Yves Mahyeuc, év. de Rennes », par M. l’abbé Guillotin de Corson (Mélanges historiques, II, p. 78). L’épitaphe en vers de cet évêque est rapportée, avec plusieurs curieux détails, dans les « Histoires du Pays de Bruz près Rennes », par M. Ad. Orain (Revue de Bret. et de V., février 1897.).
  6. Arnaud d’Ossat, év. de Rennes élu le 25 janvier 1596, consacré le 27 octobre même année, cardinal en 1599, év. de Bayeux le 26 juin 1600. Il ne vint jamais à Rennes, et mourut à Rome le 14 mai 1604.
  7. Ouvrage perdu de Dubuisson.