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XI
PRÉPACE

intendants de notre province. Toutefois les procès verbaux des États de i <536 n en disent rien, et s’il en exerça les fonctions durant son voyage, il ne se présenta point devant les États à ce titre. On dit que ceux-ci le lui contestèrent ; mais comme nous n’avons pas trouvé trace de leur opposition, nous croirions plutôt qu’ils n’avaient point à s’occuper de cette innovation. En tout cas, Jean d’Estampes est le premier commissaire du Roi qui ait affiché des allures d’intendant de Bretagne.

Il prit Dubuisson non pas comme secrétaire[1], mais comme gentilhomme d’escorte, suivant l’usage des grands seigneurs qui se plaisaient à voyager en compagnie de personnes distinguées. Le devoir d’un Commissaire particulier du Roi et surtout d’un Intendant de Justice, Police et Finances était tout d’abord de se rendre compte de l’état de la Province, d’en inspecter les travaux, d’entendre les plaintes et d’interroger tes officiers. Aussi, avant l’ouverture des États, Jean d’Estampes-Valençay fit-il une tournée administrative qui le mit en contact, ainsi que son compagnon, avec les gouverneurs, avec les magistrats et les municipalités. Notre itinéraire nous fait entrevoir l’emploi de leur temps. Quand ils ne passent pas en revue les milices, ils font visite chez les notables qui leur offrent le vivre et le couvert. Toujours delà suite, Dubuisson note les particularités du voyage, aux divers points de vue de la géographie, de la topographie militaire et surtout de l’archéologie. Rien ne lui semble indifférent, rien n’échappe à son insatiable curiosité. Il décrit le cours des ruisseaux et des rivières, juge en connaisseur la force des châteaux et des villes, note les armoiries, la parenté et jusqu’à la fortune des gentilshommes dont il entend parler. Il s’étend avec complaisance sur les antiquités et les voies romaines comme sur un sujet de prédilection, visitant les églises, dont il nous donne une description minutieuse, copiant les inscriptions tumulaires, blasonnant tes armoiries des vitraux, inventoriant les trésors, remarquant partout les moindres singularités.

Nos voyageurs entrèrent en Bretagne par Candé et Châteaubriant, en septembre 1636 ; le même mois, ils étaient à Rennes[2]. Après quelques jours dans cette ville, ils visitent successivement Dol, le Mont-St-Michel, où nous les trouvons le 16 septembre [3], Cancale, St-Malo, Dinan où ils séjournent les 20, 21 et 22 du même mois [4]. Rapidement ils traversent Lamballe, visitent St-Brieuc où ils passent ta revue des milices gardes-côtes[5], Quintin, Pontivy, Hennebont,

  1. Celui de Jean d’Estampes s’appelait Bénard et les États lui votèrent une gratification.
  2. Voyez p. 14.
  3. V. p. 33.
  4. V. p. 36.
  5. V. p. 63.