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l’Europe, de certaines théories sociales européennes ? Au lieu du déclin de l’Occident dont il est si souvent parlé, ne serait-ce pas, au contraire, à certains égards de l’hégémonie de l’esprit européen que témoignent, en fin de compte, toutes les revendications des peuples ? Le monde s’unifie, dira-t-on encore, mais quel ordre adopte-t-il, si ce n’est l’ordre européen ? L’Asie pendant des siècles a eu le sien. L’heure est venue où elle ne peut plus s’y tenir, parce que son isolement a cessé et qu’elle doit compter avec le voisinage des autres continents créé par les multiples moyens de communications. Le bolchevisme a prétendu créer un ordre nouveau. Ne le voit-on pas peu à peu revenir au nôtre ? Qu’il le veuille ou non, la logique, comme la nature, impose à l’homme ses lois.

À cela nous répondrons : l’Occident a assuré la liberté et l’égalité juridique des hommes : il compte à son actif le droit et la science. L’Orient enrichit la pensée du philosophe occidental, il l’invite à des spéculations dont la rigueur cartésienne est exclue, apport intellectuel qui peut, en se transformant, avoir dans la pratique de la vie ses vertus morales, mais qui ne sert pas directement à la masse et qui est, en outre, plein de péril ; en un si vaste domaine, la pensée risque de s’égarer ou de s’abandonner, découragée, au fatalisme où l’homme n’a d’autre idéal que de satisfaire ses appétits… Au fait, ne serait-ce point là le véritable péril jaune ? Féerie dramatique, tragédie entrevue par Guillaume II et sur laquelle on revient de nos jours avec la même