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ou leurs privilèges. Mais ce n’est là qu’une apparence, un trompe-l’œil. En réalité, ces principes ne les ont jamais pénétrés ; ils les ont adoptés en même temps que nos méthodes scientifiques et de la même manière pour ce qu’ils ont cru y trouver d’avantageux. L’écho des mots qui, jadis, ont réveillé les masses d’Occident et que notre prosélytisme a mis dans leur bouche ne les a pas transformés ; il les ont répétés sans conviction, mais ils y ont vu un excellent moyen de s’affranchir et, dans leur ardeur à le faire, ils ont souvent opéré chez eux en surface des changements inconsidérés et trop brusques, affiché des opinions extrêmes, le fond restant le même qu’autrefois. La preuve en est qu’aujourd’hui les jaunes repoussent les principes fondamentaux de notre civilisation comme ne leur convenant pas. Ils utilisent notre savoir, ils adoptent notre morale civique, sociale, dans la mesure où elle peut être retournée contre nous ; mais ils demeurent convaincus de la supériorité de leur civilisation sur la nôtre qui n’est à leurs yeux que matérielle. Le monde jaune n’a pas « perdu son âme » en dépit d’une certaine imitation du monde blanc, aussi « le sentiment d’une supériorité qui ne veut pas être contestée » et qui, par conséquent, prétend s’imposer, fût-ce par la force, n’est plus de mise de la part de ce dernier. C’est à la collaboration qu’il doit songer.

Cette collaboration sera d’ordre pratique et sera réalisée sur le plan économique et politique. Pourtant, objectera-t-on, n’est-ce pas déjà une collaboration morale que l’adoption, fût-ce au détriment de