Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

leurs études, mais ce n’est là pour eux qu’une manière de plus de se rendre indépendants de l’Occident. Témoin le Japon qui, de 1909 à 1928, porte le nombre de ses ouvriers de fabriques de 800,000 à près de deux millions, ce qui correspond, pendant le même temps, à une production totale des fabriques de 780 millions de yens à sept milliards et demi, soit à une production décuplée. Un tel développement est le résultat d’une volonté nationale. Les difficultés dues à la densité de la population et à l’insuffisance de débouchés pour l’émigration ont amené les Japonais à la conclusion que leur pays devait s’industrialiser toujours davantage, et cette idée a trouvé son expression dans une devise populaire qui se traduit littéralement ainsi : fonder la nation sur l’industrie.

Pareille manière de se rendre indépendants n’est pas la moins efficace qu’aient inventée les Asiatiques, car non seulement elle porte des fruits en temps de paix, mais elle en peut porter en temps de guerre. Or, c’est ce temps que nous envisageons spécialement à présent à la lumière de ce que nous avons dit du temps de paix.

C’est une illusion de la part des Européens de compter sur des compromis avec certains Asiatiques pour les détacher à jamais de certains autres. L’Asie est une humanité que l’Europe ne saurait diviser contre elle-même. Et voyez l’illogisme de cette Europe qui, au moment où elle tend à développer chez les Asiatiques le sens de la personnalité humaine, prétend les plier à ses besoins et les employer à ses fins, fût-ce en les dressant les uns contre les autres !