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III

En temps de guerre, les conséquences naturelles de l’unité asiatique pour les mêmes peuples qui nous occupent sont des alliances ou des accords spéciaux entre eux ; mais il est plus aisé de déchiffrer des rapprochements moraux entre les peuples que de prévoir les conditions politiques qui en feront des alliées ou des ennemis. Autant les premiers sont fondés sur des sentiments et des tendances qui ne changent guère au cours de l’histoire, autant les secondes sont sujettes à mille changements imprévisibles. Les conséquences que nous allons esquisser auront du moins l’intérêt de faire penser ceux qui ne se contentent pas d’enregistrer les réalités visibles. D’ailleurs, les destins d’un peuple dépendent moins des événements que de ses qualités et de ses défauts. Partant de là, il est permis, il est même recommandé de tenir compte des affinités que les peuples peuvent avoir entre eux, lorsqu’on cherche à percer le secret de leur avenir politique.

Plus l’on va, plus paraissent vains les vœux que l’on peut faire pour la fusion des civilisations d’Europe et d’Asie, et plus vif, au contraire, apparaît chez les Asiatiques le désir de se replier sur eux-mêmes et de revenir à leurs façons millénaires de penser, à leur « entente de la vie ».

Certes, ce que les Asiatiques appellent notre civilisation scientifique fait de plus en plus l’objet de