consacrée par une assemblée aussi imposante que la Société des Nations, et, par conséquent, ne peut pas servir à rétablir l’équilibre dont nous parlons.
Confiant en la Société des Nations, en tant que régulatrice au moins de l’ordre moral entre les peuples, Guglielmo Ferrero la comparait naguère, à propos du conflit sino-japonais, au pouvoir spirituel de la papauté. « Une force morale, écrivait-il, peut subir une violence sans être diminuée ou affaiblie, à condition qu’elle accomplisse sa tâche, qu’elle soutienne courageusement les principes dont elle est la gardienne contre la force physique, même et surtout quand celle-ci les viole. Au moyen âge, au moment où la Papauté était le grand pouvoir spirituel de l’Europe, il arrivait parfois à des Papes d’être faits prisonniers par les bandes de brigands qui dominaient les environs de Rome. Mais le Pape restait toujours le Pape, parce qu’il jugeait. » Et l’éminent historien blâmait alors Genève de ne s’être pas prononcée encore contre le Japon, qui, bien que n’ayant pas déclaré la guerre, faisait la guerre à la Chine.
Il oubliait que, si le Pape, même captif « restait toujours le Pape parce qu’il jugeait », la Société des Nations ne reste pas nécessairement la Société des Nations, parce qu’elle juge, puisqu’en jugeant comme elle l’a fait le 24 février 1933, elle s’est amputée d’un de ses principaux membres.
Quand donc nous disons que l’internationalisme de Genève est une illusion en tant que foyer spirituel, nous sommes en deçà de l’exacte vérité ; nous devrions dire que la Société des Nations elle-même