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d’une nation comme la Russie, si complète que soit la synthèse raciale qu’elle représente.

Au reste, ce sont là des réflexions et des aperçus que seul, l’avenir se chargera de matérialiser dans les faits et que nous livrons simplement aux méditations des lecteurs. L’unique point sur lequel nous tenions à les convaincre, c’est que le retour des Russes à l’Asie est le résultat du sentiment que nous avons signalé à l’égard de l’Europe et qui, maintenant, est répandu parmi toutes les populations du continent asiatique. Ainsi se traduit de nos jours et se consolide l’unité asiatique. Un esprit de croisade, unificateur au premier chef, règne plus ou moins contre l’Europe malgré les apparences que crée l’opportunisme politique, aussi bien en Russie qu’aux Indes et au Japon qu’en Chine ; il est alimenté par des idées qui revêtent chez les habitants de chacun de ces pays une forme de religiosité non plus contemplative mais agissante. « Le thème Russie, dans la poésie lyrique russe, écrit M. Basile Nikitine, implique l’idée d’espace, d’élan (il est difficile de rendre exactement le mot russe oudal : prouesse, élan, défi, il exprime tout cela), mais la destinée du pays est traitée surtout comme un cas de conscience religieuse. La souffrance pour les autres volontairement consentie, l’humilité, mais aussi le messianisme, le rôle providentiel à jouer un jour[1] ». Qu’on se rappelle les paroles pronon-

  1. Opinion de M. Basile Nikitine dans Les Appels de l’Orient, p. 162 (Emile-Paul).