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gouvernants et leurs élites. Ce n’est pas notre avis. D’abord, sur les peuples d’une civilisation séculaire tels que les Chinois, les Japonais, les Indiens, cette civilisation n’aura pas plus de succès que sur les peuples civilisés d’Europe, tels que les Finlandais, les Baltes ou les Polonais, qu’elle n’est jamais arrivée à russifier. Restent les peuples guerriers de l’Asie centrale où l’on trouve en nombre illimité des mercenaires prêts à toutes les besognes. L’effort des bolchevistes se porte sur ces peuples plus exposés certainement que d’autres, à se plier à la doctrine bolchevique en même temps qu’aux principes d’une civilisation rudimentaire.

Mais le rythme de l’évolution de notre temps propage les idées de telle façon qu’une telle civilisation ne saurait contenter, au moins pour un long temps, les peuples même les plus abandonnés à eux-mêmes, dès l’instant où le souffle de la transformation les a atteints. Reconnaissons, pour être juste, que la civilisation des Russes d’aujourd’hui n’est plus la civilisation eurasienne des Russes du XVIIIe siècle, telle que l’a décrite le marquis de La Mazelière. Elle est devenue consciente, et si elle n’est pas aussi sélectionnée que celle du Japon, pour employer un terme qui rend exactement la pensée de l’auteur, elle n’est tout de même plus, si elle le fut jamais, « la fusion de ce qu’il y avait de plus grossier » en Europe et en Asie.

Toutefois, nous inclinons à penser que, d’une façon générale, les masses asiatiques subiront plutôt l’influence et suivront plus volontiers les directives d’une nation purement asiatique que celles