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ment et leurs hautes classes se convertissaient à la civilisation européenne. Ces peuples, la civilisation européenne devait seulement les influencer, aider à leur transformation. Tel était le cas du peuple russe. Mais, voyant qu’il n’était pas capable de s’européaniser et qu’il ne le voulait pas, l’Etat et l’élite s’en désintéressèrent. Abandonné à lui-même, il fit effort pour sortir de la barbarie en se créant une civilisation rudimentaire, civilisation eurasienne et, par suite, en partie différente de la civilisation européenne du gouvernement et de l’élite.[1] »

L’auteur explique alors ce qu’il entend exactement par civilisation eurasienne. « Il ne faut pas entendre, par eurasienne, écrit-il, une civilisation pareille à celle du Japon, où ce qu’il y a de mieux dans la civilisation asiatique a été uni systématiquement à ce qu’un gouvernement éclairé a jugé de mieux pour l’Asie dans la civilisation européenne. Il faut entendre une fusion inconsciente de certains éléments de la civilisation européenne avec certains éléments de la civilisation asiatique et, le peuple russe étant encore ignorant et rude, c’était souvent la fusion de ce qu’il y avait de plus grossier dans l’un et dans l’autre. »

Certains pensent que la civilisation eurasienne des Russes peut exercer, plus sûrement que toute autre, de l’influence sur les masses des pays asiatiques plus ou moins délaissées, elles aussi, par leurs

  1. Le Japon, par le marquis de La Mazelière, tome VII, pp. 177 et 240 (Plon).