Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit quelqu’un, prononcer des « paroles de neige ».

Pour la Chine, être membre de la Société des Nations et occuper le monde de ses affaires pendant un temps est une « face » considérable ; par contre, avoir été amenée par la Société des Nations à étaler aux yeux de tous ses embarras en Mandchourie est une perte de face qu’elle n’est pas près d’oublier.

Le verdict prononcé contre le Japon par la Société des Nations « redonna de la face » aux Chinois. Toute l’ambition de ces derniers — leurs représentants les plus en vue le déclaraient ouvertement — consistait à vouloir que leur thèse fût justifiée en droit devant le monde. Cette satisfaction (c’est le terme employé par leur délégué à l’assemblée extraordinaire de la Société des Nations) leur fut donnée, et d’aucuns de s’étonner qu’un résultat aussi académique que n’accompagnait aucune sanction fut tenu par eux, après dix-huit mois de discussions, pour aussi appréciable…

Ceux qui s’étonnaient ainsi ne savaient pas que les Chinois avaient une conception de leur conflit avec les Japonais beaucoup plus juste peut-être que celle que nous en avions, nous Européens, et, en tout cas, différente. D’abord, ils ignoraient ce qu’était la face dans la vie publique et privée des Chinois. Ensuite ils ne soupçonnaient même pas ceci : c’est qu’au regard d’un Chinois, notre conception européenne du conflit entre deux peuples : attaque, défense, victoire ou défaite plus ou moins complète, mais en tout cas finale, est une conception simpliste qui ne correspond qu’au rythme précipité de notre