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mieux clore, que tous, hommes et bestiaux, devaient être rentrés à la maison et à l’étable, au point que tout animal errant était à qui le prenait et l’enfermait, ils savaient que « par là ils aidaient à la clôture et à la fermeture du ciel et de la terre »[1], et ainsi participaient à la continuation de l’ordre universel[2]. »

Le Tao, ce « principe d’ordre suprêmement efficace », n’est pas une doctrine, mais une discipline civilisatrice par laquelle se réalise l’ordre universel. Le Tao règle l’ordre qui règne dans les choses et celui qui règne dans la société humaine, l’ordre naturel et l’ordre social qui, dans la pensée chinoise se confondent. À travers la nature et la société, le Chinois cherche un ordre identique auquel il s’associe et qu’il contribue à maintenir. Le Tao est ordre et en même temps puissance ; à ceux qui l’ont saisi il apporte paix et autorité. « A-t-on appris le matin, dit Confucius, ce qu’est le Tao, et meurt-on le soir ? C’est parfait. » Il est la « Voie royale », la « Voie du Souverain et du Juste » ; en somme, une sagesse qui n’emploie jamais les mots Dieu et âme, mais qui n’en est pas moins « de tendance mystique », dit encore M. Granet, et qu’il appelle « une sorte de quiétisme naturaliste ». Et il conclut : « Les Chinois ont conquis à leurs mœurs, à leurs arts, à leur écriture, à leur Sagesse, l’Extrême-

  1. Li ki I, 403.
  2. La Chine antique, p. 270. (E. de Boccard, Collection Histoire du monde, tome IV.)