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monde, même quand on en extrait l’Europe qui s’y rattache en appendice. Elle se divise nettement en grands compartiments géographiques isolés les uns des autres par de puissantes barrières. »

L’ensemble de ce dispositif ressemble à celui de l’Europe ; on peut y voir, à une plus grande échelle, l’équivalent des nations européennes généralement séparées les unes des autres par des obstacles naturels. Mais au lieu de l’aspect morcelé que présente l’Europe à cause des nombreuses presqu’îles qui s’en détachent et laissent la mer pénétrer très avant dans les terres, l’Asie présente une masse continentale compacte que la mer entame au sud, effrite seulement à l’est et baigne au nord presque sans en denteler les bords.

La géographie, contrairement à ce qui a lieu pour le continent européen, tend donc à l’unité du continent asiatique, malgré les « puissantes barrières » intérieures qui en séparent les « grands compartiments ».

Cependant, cette unité n’est rien en soi ; elle n’offre d’intérêt que par la part plus ou moins grande qu’elle a eue dans la formation et la généralisation d’une certaine manière de penser parmi les habitants du continent asiatique. Tandis que les aires limitées et juxtaposées de l’Europe favorisaient l’éclosion, le développement et la copénétration de civilisations, l’unité massive de l’Asie favorisait l’éclosion d’une seule civilisation.

Toutefois, l’immensité de l’Asie, la puissance de ses barrières intérieures, la difficulté de les franchir